16/01/1812 : Verslag van Raffeneau, hoofdingenieur, aan de prefect van het departement van de Leie over de huisvesting van en voedsel voor de Spaanse krijgsgevangen (Rijksarchief Brugge, Departement van de Leie, 2378)

Rapport de l’ingenieur en chef du corps impérial des ponts et chaussées, au département de la Lys sur les dispositions faites ou commencées pour le logement et la nourriture des prisonniers de guerre espagnols destinés aux travaux du canal de Bruges à l’Escaut
Monsieur le préfet,

J’ai a vous rendre compte des dispositions déjà faites et de celles qui restent à faire pour loger les deux bataillons de prisonniers espagnols et pourvoir à leur besoins.

J’ai visité le batiment des carmelites. La toiture étoit dans l’état le plus déplorable ; on est parvenu malgré le tems extrêmement contraire, la pluye, le vent, la neige, et les gélées a y faire les réparations les plus nécessaires. Celles qui restent encore à faire sont très nombreuses, mais elles sont moins urgents, et ont plutôt pour but de prévenir de nouvelles dégradations, et de conserver l’édifice que de mettre les prisonniers à l’abri de la pluye.

Le vitrage est réparé, et quelques uns des chassés de fenêtre qui étaient absolument pourris sont renouvellés. On acheve de raccommoder les portes et les planches ; les fruits et les latrines sont nettoyés ; les salles et chambres blanchies, et des poeles pour le chauffage potés ou prets à l’être.

En un mot quoique les réparations du batiment en général ne soient pas terminées, elles sont assez avancées pour que ce local puisse recevoir les prisonniers au moment de leur prochaine arrivée.

Des marchés provisoires pour leur nourriture sont faites ou préparés, savoir

  1. avec Mr Perreau pour le pain dont le prix sera reglé d’après celui des mercuriales du grain, et d’après les bases qu’il vous a exposées concernant la quantité de pain qui doit provenir d’une quantité donnée de grains, et sur le prix de la manutention, mais sans l’addition de six centimes par ration pour frais divers.
  2. avec Mr Huin [ ?] préposé militaire pour le service des vivres viande qui s’engageroit à livrer la viande à raison de 15 centimes la ration de 25 decagrammes prix aux quel il la fournit à plusieurs corps militaires, ci 0 f 150 c
  3. avec le Sr Kookelberg à raison de 52 centimes par kilogramme de pain blanc pour la soupe, ou 0 f 078 par ration de 15 decagrammes avec condition de fournir et entretenir les marmites à ses frais, comme il l’a déjà fait pour plusieurs corps militaires, ci 0 078
  4. avec Mr Morel qui fournit le combustible au dépôt du 27e à raison de 4 centimes pour la ration de combustible compotée de 10 petites briquettes, ou de 5 grosses ci 0, 040
  5. les haricots blancs reviennent au prix moyen de deux sols du pays la livre ou 0,38 le kilogramme ce qui pour la ration de 12 decagrammes fera 0, 047
  6. le sel les bidons et l’augmentation de dépense pour le riz qui doit être fourni de tems en tems en remplacement des legumes coutera au moins 0, 010

Derniers de poche pour le blanchissage le tabac & 0, 050
Total 0, 375

La nourriture d’un prisonnier en n’y comprenant pas le pain de minution, et en y ajoutant les deniers de poche et le blanchissage reduits au moindre taux, reviendront donc à trent sept centimes et demi par jour.

Présentement, il résulte des conférences que Mr. Debehr et moi avons eu avec le Capitaine du 3e bataillon qui précedant sa troupe est arrivé hier, que les prisonniers au lieu de recevoir en nature les objets dont la dépense suivant le détail ci-dessus s’élève à tente sept centimes et demi aimeroient infiniment mieux qu’on leur donnat 2,5 centimes pour le tout, deniers de poche compris, et se nourrir à leur manière par eux-mêmes ou par leus camerades prisonniers qui font le metier se cantiniers.

On n’auroit ni marmites ni gamelles, ni bidons à leur fournir et il leur serait en outre fait sur ces mêmes 25 centimes un retenue de trois centimes qui seroit deposée dans les mains du quartier maitre pour les balais, la location de poëles, et le chauffage de ces poeles, et pour les dépenses d’une salle d’infirmerie pour les prisonniers qui étant seulement indisposés et non par assez malades pour être envoyés à l’hopital seraient traités dans cette salle, et y recevroient une meilleure nourriture.

On donnerait aux corporaux, qui ont ordinairement moitié en sus des soldats, dix centimes de plus seulement ; c.a.d. en tout trente cinq centimes, sur les quels on leur retiendrait cinq centimes pour les mêmes objets que ci-dessus. Ces retenues de trois centimes sur les prisonniers et de 5 centimes sur les caporaux formeroient une masse dont le quartier maitre ne ferait l’emploi que sur les ordres du conseil d’administration, à qui il rendrait compte tous les mois, et le boni s’il en restait au bout d’un certain tems serait employ » à l’amélioration du sort des prisonniers par le conseil d’administration.

Ces mesures qui ont été adaptés en grande partie au canal de S[ain]t Quentin, présentant à la fois une économie considérable, beaucoup plus de simplicité pour l’administration, et ayant en même tems l’avantage de satisfaire les prisonniers qui n’aiment point du tout la manière de vivre du soldat francais, j’ai l’honneur de vous en proposer l’adoption. Mais quoique d’après ce que m’a dit leur capitaine je ne puisse douter aucunement que cette disposition ne les satisfasse, comme c’est une espece de transaction avec eux je crois nécessaire de les consulter moi-même et à cet effet je ferai assembler les caporaux aussitôt après leur arrivée.

J’ai eu l’honneur de vous observer de vive voix qu’il seroit très avantageux sous le rapport de la salubrité de la propreté et de l’economie de faire choucher les prisonniers sur des paillasses au lieu de les mettre simplement dans la paille. J’ai fait en conséquence un accord avec Mr Serweytens membre de la chambre de commerce de cette ville pour la fourniture de 400 paillasses et d’autant de travertins, confectionnés par l’attelier de charité. Elles font presque toutes prêtes et fournies.

Le prix de ces paillasses est de 6 * 10 la pièce et celui des traversins de saus la paille. Après beaucoup de recherche pour obtenir la paille au meilleur marché j’en ai conclu un avec le pr** qui fournit la paille aux troupes stationnée à Bruges, à raison de 26 francs les cent bottes du poids de 5 kilogr[amme] ** Il faudra 5 de ces bottes pour remplir une paillasse et un traversin. J’espere que vous voudrez bien donner votre approbation à ces deux marchés.

D’après les renseignemens que m’a donnés le capitaine du 3e bataillon les prisonniers sont bien habillés et équipés, afait lassier à S[ain]t Quentin celles qu’ils avoient, et qui étoient en général très vieilles. Les renseignemens que j’ai pris * sur le champ m’ont fait reconnaitre qu’il n’est pas possible de s’y procurer promptement n’y a un prix assez bas les 400 couvertures n*’affaires. Dans cette urgence, j’ai l’honneur de vous proposer de les faire fournir a titre de prêt par les garde magazin des lits militaires, à qui elles seront rendues en payant à son principal, le layer de ces couvertures de gré à gré, ou à dire d’experts pour le tenir que les prisonnier s’en serviront.

16/01/1812
Rijksarchief Brugge, Departement van de Leie, 2378
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